Alias Victor est une association loi 1901. Elle comporte un bureau composé d’un président, une secrétaire et un trésorier. Le président, Laurent BONDI, est le représentant officiel de l’association.
Depuis 1998, les associations dont les activités sont estimées entrer dans le champ concurrentiel, sont fiscalisées c’est-à-dire qu’elles sont soumises à ce titre à l’impôt sur les sociétés et au régime de la TVA.
Les activités principales d’Alias Victor s’exerçant dans le domaine du spectacle et à titre professionnel, elles sont considérées comme telles. N’en est exclue que la part de nos activités contenant une dimension pédagogique. Une différence continuant cependant d’exister entre secteur dit public et secteur dit privé – selon que l’on perçoit ou non des subventions – nous faisons partie du premier.
S’il est évident que le régime associatif nécessitait des aménagements afin de prendre en compte la diversité des réalités de chaque secteur, on peut regretter que cette diversité ait été finalement résumée aux deux seuls cas de figure du « commercial » ou « non commercial ». En l’occurrence il apparaît que les activités de nombreux acteurs du champ culturel et artistique comportent des spécificités qui les placent entre un statut strictement commercial, à but lucratif, et un statut social ou socioculturel, non lucratif ; dans une zone qu’on peut qualifier « d‘économie solidaire ». Dans l’attente d’un nouveau statut (une « loi 2001 » étant à présent hors de portée, espérons qu’il ne faudra pas attendre une « loi 2101 » !) qui restituerait la complexité de la situation, nous nous conformons aux règles en vigueur.
Ainsi que les différents acteurs du secteur « public » (compagnies, lieux de diffusion, etc…) nous percevons plus ou moins régulièrement des aides de différentes collectivités. Pour ce qui nous concerne, pendant une dizaine d’années, nous avons reçu l’aide des institutions suivantes : Drac/Ministère de la Culture, Région Haute-Normandie, Département de Seine-Maritime, Ville de Rouen, Odia Normandie (organisme d’aide à la diffusion), ainsi que l’Adami et la Spedidam (notre situation est sensiblement différente aujourd’hui, nous l’exposerons plus en détails à une autre occasion).
Nos spectacles ont été co-produits et achetés par des lieux de programmation qui reçoivent eux-mêmes le soutien de ces partenaires institutionnels. Dans ce cadre, les recettes directement générées par les spectateurs, pour importantes qu’elles soient à plus d’un point de vue, ne représentent qu’une part mineure de l’ensemble des produits. Les aides publiques évoquées sont là pour compenser. Sans quoi les prix d’entrée au spectacle devraient être, pour le moins, multipliés par quatre ! Sans quoi un spectacle ne pourrait être construit selon une autre recette que celle que se doivent de suivre quasi systématiquement les théâtres privés : répertoire suffisamment connu, distribution réduite et/ou intégrant une ou plusieurs célébrités, priorité donnée au divertissement… Toutes choses honorables… mais auxquelles on ne peut non plus réduire l’exercice des métiers du spectacle.
C’est bien pourquoi on a « inventé » et développé depuis plus de soixante-dix ans ce que l’on nomme la « décentralisation théâtrale » (et plus largement du spectacle vivant). Il nous semble important de rappeler, aujourd’hui plus que jamais, que c’est grâce à cette décentralisation que la France détient : un des réseaux de salles de spectacle les plus complets et étendus au monde ; une implantation réelle d’artistes en de nombreux points du territoire ; une pratique amateur éclairée ; et que c’est dans ce cadre que n’ont cessé de se renouveler les formes et que furent et que continuent d’être réalisées les productions parmi les plus marquantes de l’histoire des arts du spectacle, pour ne parler que de ceux-ci.
En conclusion, tout en constatant les défauts et dérives du système actuel, et considérant que secteurs dits public et privé, en matière d’art comme ailleurs, peuvent se compléter harmonieusement et non s’exclure, nous ne saurions en tout cas cautionner toute démarche visant à simplifier à l’excès la présentation des enjeux liés à l’existence d’un réseau artistique dit public, ou à réduire l’exercice de nos métiers à des critères uniquement comptables et commerciaux. Sans quoi ils perdraient très simplement tout sens et toute raison d’exister. L’art est peut-être un luxe. Mais alors c’est un luxe indispensable. Et c’est souvent dans les pires conditions, malheureusement, qu’on redécouvre sa profonde nécessité et son ancrage dans la réalité la plus intime de l’être humain. Puissions-nous ne pas avoir besoin d’épreuves inutiles et dévastatrices pour en être, collectivement, pleinement conscients.
Alain Fleury.